FFP2 ou la chasse aux masques.

s-l300Dès les premiers jours de la pandémie, les masques ont été l'objet de toutes les attentions et de toutes les convoitises. Seule protection physique contre le covid, avec les lunettes, les charlottes et les blouses, il y en a deux types. Le masque chirurgical est le système de filtre le plus simple et suffit dans les situations quotidiennes. Le masque FFP2, plus épais et plus filtrant, est indispensable au contact direct de malades infectés par le covid-19.

Au début du mois de mars, nous avons été victimes de vol de masques FFP2 et de masques chirurgicaux au bloc opératoire. Plus d'un millier de masques a alors disparu. Depuis,

ce matériel sensible est caché, mis sous clé. Le matin au bloc opératoire, la distribution est faite au compte goutte à un endroit connu de nous seuls. A chaque prise de quart, le personnel soignant reçoit à l'entrée de la clinique sa dotation quotidienne.

Tous les jours, nos pharmaciennes partent à la chasse aux masques. Le métier de pharmacien en établissement hospitalier est peu connu. Il est le pivot de toute l'activité en étant indispensable à l'achat et au contrôle non seulement des médicaments mais aussi de tout le matériel médical.

Je me souviens d'une de nos pharmaciennes recueillant du gaz à la sortie d'un tuyau qui venait d'être installé dans une nouvelle salle d'opération. Ce gaz stocké dans une petite bouteille était alors mis au contact d'une flamme afin de vérifier sa combustion et qu'il s'agissait bien d'oxygène !

Sans nos pharmaciennes, pas de matériel pour travailler et pas d'autorisation pour l'utiliser. Ce sont donc des personnes clés pour faire fonctionner la clinique. Leur responsabilité est majeure.

Aujourd'hui, leurs missions habituelles sont doublées du rôle de chasseur de masque (mais aussi de casaques chirurgicales, blouses jetables, lunettes de protection...). Chaque matin, elles font le tour des fournisseurs habituels, recueillent les dons d'entreprises, cherchent de nouvelles sources d'approvisionnement, vérifient des filières obtenues par le bouche à oreille ou les réseaux... et débusquent les escrocs. En effet, il ne se passe pas un jour sans que des malfaisants tentent de vendre du matériel d'origine douteuse ou d'obtenir de l'argent sans contrepartie. La SERP Rouen a en fait les frais début mars avec une commande de 6 millions d'euros non honorée !

Même si nous recevons maintenant des dotations hebdomadaires de l'Etat, transmises par le CHU de Rouen, même si chaque praticien a pu en retirer il y a 10 jours à la caserne des pompiers sur présentation de sa carte professionnelle, notre stock de masque FFP2 reste très limité et nous devons décider au quotidien de leur usage. La cellule de crise covid de la clinique détermine régulièrement les situations ou le personnel qui doit en bénéficier.

Jusqu'à présent, notre petit stock a suffit pour répondre aux quelques patients infectés par le virus qui ont séjourné temporairement dans nos murs. Mais, en cas d'accueil plus lourd, notamment de malades ventilés, nous aurons du mal à faire face plus de quelques jours.

Alors, comme chaque matin, nos pharmaciennes continuent à chasser de nouveaux masques, avec patience et obstination.

Je voulais vous donner cet exemple aujourd'hui pour montrer combien chaque rouage de la filière de soins est indispensable. On parle beaucoup des soignants, à juste titre. Mais sans tous les autres acteurs, le travail serait impossible ! Merci à eux aussi !

bruno devaux

facebook   twitter   google plus   rss   newsletter

Bienvenue sur ce blog qui s'intéresse à Rouen et à la Normandie. Conseiller municipal de Rouen, médecin rouennais, je participe à notre réflexion collective sur le devenir de notre cité et de sa Région. Dans le cadre de mon association « Le Pommier », c'est sur des sujets locaux et de société que je souhaite dialoguer avec vous.

bdsign

gazette186