Et on en reprend pour un mois !

A8F3814D-0ED1-4675-AD33-1E3F508377DEHier soir, l'intervention du Président de la République a été claire. L'épidémie nécessite le maintien du confinement pendant encore un mois. En l'état actuel des choses, c'est indispensable et il faut nous y conformer. Ceci m'inspire trois remarques.

D'abord, il a reconnu des insuffisances de la part de l'Etat : l'épidémie n'avait pas été anticipée. Le manque de moyens de protection disponibles, l'absence de réactivité dans la mise en oeuvre des tests de grande ampleur ont empêché une autre gestion de la crise sanitaire. Le retard se comble mais beaucoup de matériels manquent aujourd'hui aux soignant.

Ensuite, il a indiqué qu'il faut aussi continuer à se soigner. C'est très juste car de nombreux malades "non-covid", diabétiques, cardiaques, insuffisants respiratoire, en attente d'une chirurgie de cancer, par exemple sont sur la touche.

Soit ils ont peur de se déplacer, soit les moyens médicaux ne leur sont pas disponibles. Je vous prends un exemple qui me concerne. Comme nos collègues des autres établissements, nous avons limité très strictement aux urgences l'activité opératoire à la clinique Saint Hilaire depuis le 16 mars. De ce fait, plusieurs centaines d'opérations ont été reportées. Certaines bénignes, comme la cataracte ou l'arthroscopie du genou, d'autres plus importantes comme pour des cancers digestifs ou des coloscopies pouvant aboutir à la découverte de tumeurs. Il a fallu définir pour chaque patient l'importance de la "perte de chance" liée au report de la chirurgie. Aujourd'hui des chirurgies non-urgentes sont en train de le devenir. Nous allons donc devoir opérer plus, avec toutes les précautions nécessaires d'isolement et de mesures barrière. Mais, là encore, le matériel commence à faire défaut, notamment pour les blouses chirurgicales stériles. La pandémie de coronavirus est en train de se doubler d'une deuxième crise sanitaire liée au retard de prise en charge des malades pour des pathologie habituelles. Nous allons faire notre possible, mais nous ne sous sentons pas accompagnés. Nous jouons notre rôle dans la lutte contre la pandémie. Nous voulons aussi remplir nos missions habituelles car les autres malades ne doivent pas être oubliés...

Enfin, si l'épidémie nous contraint à une distentiation sociale, elle majore surtout les différentiations sociales. On nous demande légitimement de rester à distance les uns des autres pour limiter la contagion. C'est normal. Par contre, entre la personne réfugiée dans sa résidence secondaire et l'habitant de la Seine Saint Denis confinée dans un petit appartement, il y a un monde. Je ne veux pas faire de misérabilisme mais force est de constater qu'actuellement beaucoup de malades de la région parisienne sont issus des quartiers prioritaires et que l'accès aux soins est rendu encore plus compliqué à ceux qui sont isolés. Même si de nombreuses initiatives voient le jour, avec l'aide de municipalités ou d'associations, le confinement amplifie les difficultés sociales. On en parle plus sur les violences conjugales mais c'est tout aussi grave pour l'accès aux soins et pour la vie tout court.

Ce matin, je vais participer à plusieurs réunions pour essayer de faire avancer l'accès aux soins dans notre région. En espérant une intelligence collective et des moyens disponibles.

bruno devaux

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Bienvenue sur ce blog qui s'intéresse à Rouen et à la Normandie. Conseiller municipal de Rouen, médecin rouennais, je participe à notre réflexion collective sur le devenir de notre cité et de sa Région. Dans le cadre de mon association « Le Pommier », c'est sur des sujets locaux et de société que je souhaite dialoguer avec vous.

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