Téléconsultations : le raz de marée !

85F56300-FB44-4283-880D-574CB6F5CC72En juin 2018, la convention médicale, conclue entre la sécurité sociale et les médecins libéraux, actait le principe du remboursement de la consultation à distance (ou téléconsultation). Répondant à un besoin, du fait de la démographie médicale en berne, cette nouvelle modalité de travail permettait de consulter un médecin à distance grâce aux outils numériques.

Des garde-fous ont été mis en place afin d'éviter que des officines de l'autre bout du monde ne viennent faire de l'argent en consultant à tout va sans gage de qualité.

Il ne fallait pas délocaliser notre expertise médicale !

Et puis, un jour de 2020, la covid est arrivée ! Il fallait consulter en restant confiné. Il fallait consulter sans risquer de se contaminer. Il fallait consulter à distance. Tous les opérateurs de téléconsultation ont alors mis gratuitement leurs logiciels à la disposition des médecins pour la durée de l'épidémie. Tous les praticiens ont voulu disposer de cet outil opérationnel immédiatement pour continuer à suivre leurs patients. Toutes les barrières administratives ont été assouplies du jour au lendemain. Ce qui était une voie nouvelle frileusement utilisée par quelques initiés est devenu un standart réclamé par l'ensemble des soignants et des soignés ! De 10 000 consultations hebdomadaires début mars 2020, nous sommes passés à près de 500 000 par semaine à la fin du mois !

En ce qui concerne notre équipe d'anesthésie, nous sommes confrontés à un chiffre redoutable : 1000. C'est le nombre d'opérations reportées à la clinique Saint-Hilaire du fait du confinement, avec autant de patients ayant déjà consulté leur anesthésiste-réanimateur. Or, avec les semaines accumulées, les délais réglementaires ont été dépassés et nous devons actualiser la plupart de ces consultations. Nous avons dû activer la téléconsultation afin de pouvoir réaliser une nouvelle consultation sans déplacer tous ces patients encore confinés.

Bien acceptée par eux, contents d'avoir des nouvelles de l'avancée de leur procédure, ils nous accueillent dans leur domicile. Au lieu de l'anonymat relatif d'un bureau de consultation, nous sommes projetés dans un jardin, un atelier de couture, un appartement modeste ou une grande maison. La caméra permet de saisir l'expression d'un visage, l'interrogation ou l'inquiétude, le sourire ou la grimace. Ici, point de masque qui nous cache le visage : nous nous parlons sans crainte des postillons ! Passé un temps d'adaptation, la parole se libère, les questions fusent. Les documents et ordonnances sont transmis en temps réel. Et il faut raccrocher, avec un petit signe de la main. Les plus jeunes sont habitués à ce mode de communication. Les autres s'y sont adaptés pour échanger avec leurs proches en période de confinement. Pour d'autres enfin, ce ne sera que le téléphone par manque de moyens financiers ou technologiques. Mais là encore, l'appel est source de satisfaction : le docteur nous appelle, il fait attention à nous et ceci nous évite un déplacement fatiguant et stressant.

Bien sûr, il faudra garder la consultation "présentielle", irremplaçable et nécessaire. Je voulais juste relever qu'en médecine aussi, il y aura un "avant" et un "après" covid. Les hôpitaux auront joué leur rôle de tête de pont. Le libéral aura prouvé sa disponibilité, son efficacité et sa complémentarité. Les nouvelles technologies auront fait faire un bond de géant dans la prise en charge des malades au quotidien. Tout le défi sera de garder la relation humaine intacte voire bonifiée avec ces nouveaux outils !

bruno devaux

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Bienvenue sur ce blog qui s'intéresse à Rouen et à la Normandie. Conseiller municipal de Rouen, médecin rouennais, je participe à notre réflexion collective sur le devenir de notre cité et de sa Région. Dans le cadre de mon association « Le Pommier », c'est sur des sujets locaux et de société que je souhaite dialoguer avec vous.

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